RAPPORT DE PRESENTATION

La Grande Niaye de Pikine communément appelée « Technopôle » est une dépression où convergent les eaux provenant de la nappe phréatique et des eaux pluviales. Elle couvre une superficie d'environ 300 ha et reste le vestige des Niayes le plus important de la Région de Dakar, au regard de son étendue. Dernier poumon vert du Département de Pikine, cette Grande Niaye constitue un écosystème à fonctions multiples.

Sur le plan écologique, elle contribue au maintien de la biodiversité en servant d'habitat à des espèces floristiques et faunistiques remarquables. Zone d'importance pour la conservation des oiseaux (ZICO), elle constitue un lieu de reproduction et d'étapes migratoires pour 239 espèces d'oiseaux, puis participe à l'atténuation des inondations, à l'amélioration de la qualité des eaux par le recyclage des matières organiques et chimiques, à l'épuration bactériologique, à l'interception des matières en suspension, mais aussi au stockage du carbone atmosphérique, à la production d'oxygène et à la dépollution de l'air.

Par la loi n° 96-36 du 31 décembre 1946 portant création et statut du Technopôle de Dakar, une zone économique de 194,5 hectares, a été aménagée dans la Grande Niaye de Pikine afin d'accueillir des centres de recherche, d'enseignement et des entreprises d'innovation technologique. Cela a donné lieu à l'installation de quelques complexes administratifs relevant du domaine des télécommunications tels que l'ADIE et la SONATEL. De plus, d'autres types d'aménagements comme les terrains de loisir du Golf club et les infrastructures d'assainissement de l'ONAS, existent dans le site.

Sur le plan économique et social, elle fournit vingt et un (21) services éco systémiques répertoriés et garantit par conséquent un espace vital où se côtoient plus de 600 acteurs (maraîchers, pêcheurs, récolteurs de fourrages, etc.). Elle représente par ailleurs un excellent espace éducatif et de recherché scientifique, recevant élèves, étudiants, chercheurs et bénévoles. Dans ce cadre, plusieurs initiatives de conservation communautaire relatives au suivi des oiseaux, à la promotion du tourisme ornithologique, à la gestion des connaissances (recherche et vulgarisation), y sont entreprises.

Toutefois, malgré l'importance des biens et services qu'elle fournit, la Grande Niaye dé Pikine a connu d'importantes modifications liées notamment à la pression urbaine marquée par des constructions et des établissements divers, installés directement dans la zone humide qui entraînent sa dégradation progressive. Cette situation est exacerbée par les rejets urbains, la reconversion des espaces de cultures en zones d'habitation, l'aménagement d'infrastructures publiques telles que les routes, l'arène nationale, la station d'épuration des eaux usées, etc.

Aujourd'hui, le rétrécissement de la zone amphibie se poursuit du fait des remblais opérés surtout par une quinzaine de bénéficiaires de baux, titres fonciers et autorisations d'occuper à titre précaire.

A cela s'ajoutent les impacts de la sécheresse et de la coupe abusive des arbres parfois à des fins agricoles, qui sont à l'origine de la régression de la palmeraie, de la mangrove et de la raréfaction de certaines espèces ligneuses.

Au regard des enjeux écologique, économique, social et de la multiplicité des acteurs, des mesures correctives urgentes sont nécessaires pour sauver ce qui reste de cette Niaye et restaurer les habitats.