Journal officiel du Sénégal

LOI n°2010-10 du 05 Mai 2010 déclarant l'esclavage et la traite négrière, crimes contre l'Humanité.

EXPOSE DES MOTIFS

Il est aujourd'hui, scientifiquement établi que l'Afrique est le berceau de l'humanité et que c'est sur son sol que les premières formations humaines se sont constituées, donnant naissance au fil des siècles à des formes d'organisation et de gouvernement, dont les séquences successives ont été exhumées par les témoignages des auteurs grecs (Hérodote, Diodore de Sicile par exemple), d'une part, et les travaux importants que des chercheurs de plusieurs nationalités ont eu à mener systémiquement, depuis le 18e siècle, au moins (Comte de Volney, Edward Blyden, Mortillet, Maurice Delafosse, Cheikh Anta Diop, Runoko Rashidi, etc...) sans compter les preuves apportées par les fouilles archéologiques et les possibilités nouvelles offertes par les tests ADN, d'autre part.

Les chercheurs menées par les mouvements pan noirs, celles conduites par des Savants tels que John Glover Jackson, le Chancelier Williams, Edouard H. Johnson, George W. Williams, Rufus L. Perry, Pauline E. Hopkins etc... ont largement prouvé le rôle positif que les peuples noirs ont joué dans les plus anciennes civilisations, civilisations où la métallurgie du fer était attestée, depuis 3850 avant Jésus-Christ.

Il en fut ainsi, jusqu'au 15e siècle. En portent témoignage, la civilisation de Nubie, celle de Méroé, l'Egypte Pharaonique, Axoum, celle de Nok ou du Zimbabwe, ainsi que des empires du Soudan nigérien (Ghana, Mali, Sonrhai).

Malheureusement, cet élan civilisationnel, grâce auquel l'Afrique n'avait, non seulement rien à envier aux civilisations des autres continents, mais pouvait, même se prévaloir d'une certaine avance sur elles, va être brutalement et durablement, stoppé par la traite négrière transatlantique, par la traite dans l'Océan Indien, ainsi que par l'esclavage, qui vont déverser, dans les Amériques, les Caraïbes, l'Océan Indien, en Europe et en Asie, des populations provenant d'Afrique, de Madagascar et des pays de l'Océan Indien, pendant quatre longs et douloureux siècles, s'étendant du 15e au 19e.

Les conséquences de cette saignée humaine ont, fondamentalement, changé l'ordre économique mondial préexistant à partir du 16e siècle.

Il en a découlé une modification de l'équilibre géostratégique et des structures internationales économiques, politiques, sociales et culturelles, qui continuent encore aujourd'hui de faire sentir leurs effets néfastes dans les relations à l'échelle planétaire.

Selon les estimations les plus fiables, ce sont au moins, quelque 22 millions d'esclaves, qui ont été arrachés au continent noir, entre 1500 et 1888.

En effet, selon certains auteurs, pour un esclave vendu, il faut compter, au moins, 10 personnes tuées ou disparues. Le bilan démographique de cette monstrueuse entreprise se chiffre, en pertes humaines réelles, pour le continent, à près de 200 millions de personnes, chiffre que certains historiens confirmes n'hésitent pas à avancer, arguments a l'appui.